250 000, c’est le nombre de postes de travailleurs saisonniers restés vacants au sein du secteur de l’hôtellerie-restauration au cours de l’été 2022. Des postes n’ont pas trouvé preneur, à tous les échelons, dans toutes les catégories d’établissements, partout en France, de la Bretagne à la Côte d’Azur.
Cette pénurie de candidats s’explique tout d’abord par les effets durables de la crise sanitaire. Près de 237 000 salariés qui avaient quitté le secteur de la restauration au cours des mois de fermeture ne sont pas retournés à leur poste.
Ainsi, comment les restaurateurs peuvent ils rendre leurs offres d’emploi attractives et donc pourvoir les postes vacants de leurs établissements ?
Afin d’analyser la corrélation entre les différentes variables sur les postes proposés et le nombre de candidats, notre étude s’est basée sur un échantillon de près de 19 000 annonces de postes en CDI publiées sur la plateforme Extracadabra par 3 200 de nos clients restaurateurs entre juin 2020 et juin 2022.
Nous étudierons aussi l’ensemble du processus de recrutement à travers ces différentes variables :
- nombre de candidats
- nombre de candidats sélectionnés par les établissements (gage de qualité des candidats)
- nombre de candidats souhaitant continuer le processus de recrutement suite à leur sélection
- nombre d’embauches finales.
Corrélation forte entre la rémunération et le nombre de candidatures
Tout d’abord, certaines offres n’indiquent pas de salaire. Ces annonces sans salaire reçoivent 13 % de postulants en moins et 22 % de candidats en moins qui continueront le processus par rapport aux annonces proposant un salaire (peu importe le montant de ce dernier).
Concernant l’attractivité des salaires proposés, lorsque les salaires proposés augmentent de 10 %, les offres concernées reçoivent 6 % de candidatures en plus et 7,1 % d’embauches effectives supplémentaires.
Pour des postes en salle, 10 % de salaire en plus engendre même 10,3 % de candidats prêts à poursuivre le recrutement.
Selon les plannings, jusqu'à 21 % d’embauches en plus
Ensuite, concernant les plannings et horaires de travail, les offres avec coupures entre les services du midi et du soir attirent 8 % de candidats en moins et jusqu’à 12 % en moins pour les postes en salle.
De même, bénéficier de ses week-ends devient un élément important pour les candidats : les offres de travail en semaine, exclusivement, reçoivent 6 % de candidats en plus et engendrent 21 % d’embauches finales en plus. De la même façon, des offres avec les week-ends travaillés entraînent 12 % de réponses de candidats en moins.
La marque employeur, une variable prépondérante pour les candidats
L’image de marque, qui regroupe l’ensemble des actions mises en place pour attirer et recruter des candidats, est désormais une variable au cœur des préoccupations des recruteurs de la restauration.
Effectivement, les offres mises en avant par la plateforme, c’est-à-dire celles disposant d’une description attirante rédigée par les établissements et d’une photo de présentation de l’établissement, bénéficient de 32 % de candidatures supplémentaires par rapport aux offres non mises en avant.
Ce chiffre grimpe même jusqu’à 92 % pour le nombre d’embauches supplémentaires vis-à-vis des offres non mises en avant, soit presque 2 fois plus d'embauches.
Choisir de mettre en avant ses annonces et de les soigner semble donc essentiel et stratégique pour les recruteurs.
Recruter, valoriser, fidéliser
Ainsi, pour être attractif, recruter et fidéliser leurs salariés, les employeurs de l’hôtellerie-restauration doivent mettre en place de véritables stratégies de management des ressources humaines.
Comme le démontrent les résultats précédents, cette stratégie doit d’abord reposer sur une relation à double sens avec les travailleurs. Prévoir des politiques de rémunération attractives, de revalorisation et de reconnaissance s'avère être essentiel afin d’engager des relations de travail à long terme.
En parallèle, la question des conditions de travail et de la pénibilité doit être abordée avec attention. Pour pérenniser les relations avec leurs salariés, les employeurs doivent éviter, autant que possible, les journées de travail avec coupure. Bénéficier de ses week-ends pour concilier vie professionnelle et personnelle est désormais une attente forte des salariés.
Enfin, pour créer des relations de travail à long terme avec leurs équipes, une véritable politique de gestion des compétences et des carrières est à imaginer. Proposer des formations pour permettre à ses salariés méritants de pouvoir monter en hiérarchie au sein des établissements permettra de fidéliser durablement l’engagement.
